Animal
Pourquoi me regardes-tu ainsi,
assis au fond du lit, immobile.
Tes billes de plastique,
brillantes comme des étoiles filantes,
n’ont-elles rien de mieux à faire
que de dévisager mes chagrins infantiles ?
Oui je pleure.
Je pleure d’être né
et de ne savoir comment l’exprimer.
Je pleure d’avoir peur d’une ombre,
d’un simple bruit,
Je pleure d’avoir peur du silence de la nuit.
Je pleure d’avoir faim, d’avoir soif,
ou bien d’être oublié.
Je pleure d’avoir chaud, d’avoir froid
et de m’être oublié.
Oui je pleure.
Je pleure de pleurer.
Je pleure de crier.
Je pleure d’être observé
par un ours mal peigné,
assis au fond de mon lit,
de mon lit de bébé,
aux barreaux bien trop hauts
pour m’en échapper.
Enfermé dans la cage,
un animal sauvage coule ses larmes minuscules sous le regard immuable d’une bête ridicule. Tu te dis ours,
mais tu n’as de féroce que le nom,
puisqu’en ton ventre
ne grondent que nuages de coton.
Moi j’ai le cœur qui bat
comme un tambour de guerre
et mes cris
réveilleraient tous les chiens de l’enfer.
Le cœur cerf-volant
Cesse de me retenir et laisse-moi m’envoler,
je n’ai pour avenir qu’un ciel étoilé.
Ne crains ni les nuages, ni le souffle du vent,
j’ai le cœur volage, je suis un cerf-volant.
Allez petit homme, inutile de pleurer,
il est un royaume qu’il me faut survoler.
Ouvre tes mains, mon garçon, il est temps,
j’ai le cœur papillon, je suis un cerf-volant.
Je suis fils de l’air, enfant du Céleste.
Je me ferai la Terre, l’univers et le reste.
Il te faut accepter, m’oublier à présent,
j’ai le cœur liberté, j’ai le cœur cerf-volant.
Pintes, clopes et pornographie
On veut de l’alcool dans les veines,
et du goudron dans les poumons.
On veut des gonzesses par centaines,
ouvertes à toutes les positions.
On veut planer et s’oublier
au fond d’une chope,
au bout d’une clope,
le bout dans la bouche d’une salope.
On veut l’ivresse et les vertiges,
le désir et la passion.
On veut tortiller de la tige
et qu’il y ait du monde au balcon.
On veut sniffer et picoler,
on veut tringler, on veut sauter,
baiser, tirer, et dégueuler,
à en mourir, à en crever.
On veut la baise, on veut la braise,
dans la chaleur, dans la douleur
au gré des fumées, des vapeurs.
De la vinasse et des poufiasses,
on veut qu’ça passe même si ça casse,
on veut qu’ça crie même en pleine nuit,
on veut du sale, du dégueulasse
rien à branler d’la poésie.
On veut liqueur au fond du cœur,
et déflorer nombre de fleurs.
On veut des chattes à quatre pattes,
bouffer de l’herbe à chaque latte.
On veut du plomb en profusion,
de l’absinthe en perfusion,
on veut goûter au paradis
sans avoir à payer le prix.
On veut des pintes, on veut des clopes
on veut de la pornographie…
Et dire qu’il fut un temps
où l’on s’émerveillait de peu ;
un cerf-volant flattant les cieux,
une feuille d’automne, un gland ou deux,
un coquillage, un coquelicot, un paysage,
une plume d’oiseau,
une princesse effrayée
dans une maison oubliée…
Les alliances éphémères
Jamais ne s’éternisent les alliances éphémères qui tapissent la vie comme le font les nuages lorsqu’ils tolèrent l’éclaircie entre deux orages parce qu’ils aiment faire de l’ombre aux fugaces lumières…
Fulgurance d’un éclair, puissance du tonnerre, l’amitié, comme l’amour,
souffre de prendre de l’âge.
Jamais ne s’éternisent les alliances éphémères qui tapissent la vie comme le font les nuages…
Emportées par le vent qui charrie les poussières et le temps qui, toujours,
met du cœur à l’ouvrage,
les passions s’évanouissent,
on oublie ces visages
à qui l’on aurait offert, naguère, l’univers…
Jamais ne s’éternisent les alliances éphémères.
Odette
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J'ai terminé de lire ton recueil. Tu as réussi à me bouleverser, à me faire pleurer, à me questionner, à m'énerver parfois avec ton vocabulaire banlieusard sans filtre. En résumé, je l'aime beaucoup.
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C'est un livre magnifique, Des souvenirs plein les poches
Atterrir dans un monde qui n'est pas le tien...
Je conseille vivement se livre